L’inflation de 2018 a entraîné une baisse de 1,2 % du salaire net moyen dans la fonction publique selon l’Insee, par rapport à 2017. Les météos n’échappent pas à cette baisse de pouvoir d’achat. En cause : le gel du point d’indice, des mesures du protocole sur les parcours professionnels, les carrières et les rémunérations (PPCR) repoussées d’un an par le gouvernement, et des primes qui augmentent peu.

Selon une note de l’Insee (21/07), le salaire net moyen des agents de la Fonction Publique de l’État (nous ! dans la "FPE") s’élevait à 2 573 euros par mois, tous statuts confondus. Un montant en baisse de 1,2 % par rapport à 2017 en euros constants, c’est-à-dire “corrigé de l’inflation” (1,9 %). L’Insee explique cette évolution par :
     - l’absence de revalorisation du point d’indice (après des hausses de 0,6 % en juillet 2016 et février 2017, liées à PPCR),
     - le gel pour une année des mesures du protocole (PPCR) pour un an par le gouvernement,
     - mais aussi, “dans une moindre mesure”, le rétablissement du jour de carence.

Baisse de 1,4 % pour les fonctionnaires, un peu moins pour les non-fonctionnaires (mais...)
Le salaire net moyen mensuel de l'ensemble des fonctionnaires s’établit à 2 744 euros, soit une baisse de 1,4 % (toujours en euros constants). Concernant les non-fonctionnaires (aux alentours de 2 100 euros nets), la baisse peut paraître moindre (- 0,6%) mais lorsque l’on neutralise l’impact de la chute du nombre de contrats aidés (- 42% en un an), en moyenne moins rémunérés, le salaire net moyen recule de 2,1 %.

Inégalités persistantes entre les femmes et les hommes
En 2018 dans la FPE, le salaire net moyen des femmes s’élevait à 2 425 euros, celui des hommes à 2 803 euros. L’institut précise que “les femmes ont plus fréquemment des parcours professionnels comportant des périodes de travail à temps partiel et/ou des interruptions de carrière” et qu’elles occupent également “plus souvent les postes les moins rémunérateurs”. Elles représentent 2/3 des enseignants dont le salaire est de 25% moindre que celui des non-enseignants en catégorie A (FPE).
A Météo-France, on retrouve des fonctionnaires : des « techniques » et des « administratifs » (communs avec la DGAC) et des non fonctionnaires. Concernant les premiers, nous avons mis à jour les caractéristiques des corps qui les composent dans notre rubrique « Statuts Carrières et Primes ». Cette rubrique commence d’ailleurs par un décryptage de la feuille de paye.

La stagnation des primes contribue aussi à la baisse de salaire
A la météo, si la partie « indiciaire » liée à la grille de référence du corps auquel appartient l’agent représente environ 2/3 de la paye, la partie « indemnitaire » liée aux primes reçues représente environ 1/3 de la paye. Là aussi, en euros constants, on constate une baisse (cf ces graphiques) comme nous l’avons fait remarquer à la direction de Météo-France pour appuyer nos revendications en matière de revalorisation des primes.

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Pour aller plus loin :
Quelques mots sur la réunion du 21 juillet 2020 sur les salaires dans la Fonction Publique avec la nouvelle ministre de la Fonction Publique (Amélie de Montchalin). Celle-ci a rappelé le contexte très particulier dans lequel se déroule ce rendez-vous salarial : la crise sanitaire, qui sera suivie d’une crise économique qui s’annonce très dure et qui rend plus que jamais nécessaire de concentrer « les efforts » sur celles et ceux qui vont être le plus touchés. D’ailleurs, la Fonction publique prendra sa part dans l’accès à l’emploi des jeunes.
La Ministre a entendu les attentes en matière de mesures générales (revalorisation du point d’indice notamment) mais a douché les espoirs de revalorisation générale (cf. article du Monde ici).
En première réaction aux mesures présentéesla CFDT a souligné que l’addition de mesures catégorielles ou ciblées ne peuvent constituer une politique de rémunérations satisfaisante.
La CFDT a souligné que la mise en œuvre de la dernière tranche de PPCR (pour les ITM, un échelon supplémentaire sera créé, tandis que pour les bas salaires des points d’indice doivent permettre de rester au-dessus du SMIC) est favorable aux agents mais ne constitue pas une mesure nouvelle à proprement parler.
La reconduction de la garantie du pouvoir d’achat (GIPA) est actée pour la fin du quinquennat, et la pérennisation du recalcul de l’Indemnité Compensatrice de la CSG est enfin acquise aux agents. Quelques autres mesures sont également positives (sur égalité professionnelle, la convergence indemnitaire, sur l’attractivité, sur l’action sociale interministérielle…).
La CFDT souhaite que la concertation sur la protection sociale complémentaire aille plus vite et comporte l’obligation pour les employeurs de participer à la complémentaire santé et prévoyance.

Côté ministère de la Fonction Publique, ont été mis en avant :
   - les mesures non prévues au rendez-vous salarial 2019 : la mise en place d’une prime exceptionnelle pour les agents mobilisés lors de la crise sanitaire (non mis en oeuvre à Météo-France, à ce stade), le remboursement des frais de repas pendant la crise ou encore les mesures de revalorisation des personnels hospitaliers. L'administration a mentionné la mise en place du « forfait mobilités durables », le développement de l’intéressement...
   - il a en outre été expliqué que les agents publics n’ont pas perdu de revenus pendant la crise sanitaire, même ceux restés chez eux durant le confinement via les autorisations spéciales d’absence.
Autant de raisons de refuser toute mise en œuvre de revalorisation générale.

Pour mémoire, les revendications CFDT (20 mai 2020)

 

Au-delà du souhait de revalorisation du point d’indice, quelques mesures spécifiques souhaitées par la CFDT-Fonction Publique sont présentées ci-dessous.

Pour l’égalité professionnelle :

  • des mesures sur l’amélioration des grilles de rémunérations des filières féminisées (corps et cadres d’emploi des filières médicales, paramédicales, sociales et médico-sociales)

  • des mesures sur les rattrapages des écarts constatés sur les montants indemnitaires,

  • des mesures portant sur l’amélioration des ratios de promotion

Pour ne laisser per­sonne dans la difficulté :

  • attribution de points d’indice pour revaloriser les plus bas salaires,

  • suppression du jour de carence,

  • actualisation annuelle de l’indemnité compensatrice de la hausse de la CSG (souvenez-vous, la CSG a augmenté dès 2017, il n’était prévu qu’une « compensation ponctuelle »...), cette revendication a été exaucée lors de ce rendez-vous 2020,

  • négocier la participation financière obligatoire des employeurs pour les mutuelles santé et prévoyance.