Le 27 avril à 16 h00, nous avons rencontré le directeur de la stratégie de l’Etablissement, Christophe Morel pour des réflexions sur les ambitions de Météo-France en 2030. Ch. Morel était accompagné des animateurs des 4 sujets stratégiques identifiés comme de première importance pour Météo-France :
    - l’impact de la révolution numérique et du rôle central des données (Yann Michel, DESR) ;
    - missions institutionnelles : l’évolution des attentes de nos clients et notre réponse (Matthieu Chevallier, DirOP) ;
    - l’évolution de nos services, météorologiques et climatiques : notre ADN et nos facteurs différenciants (Floriane Camy, D2C) ;
    - notre efficacité et notre agilité (Matthieu Sorel, DSM).

Une présentation ici en lien rassemble l'état des réflexions et les orientations retenues. Nous avons pu questionner ou demander des précisions. Le COP 2022-2026 est la première étape pour atteindre la cible que se fixe la Direction pour 2030.

Le contexte : globalement, nous le partageons (les 3 premiers ‘slides’), même si le développement accru du télétravail et, accessoirement, des pandémies à répétition, peut modifier la donne en matière d'habitats : un certain nombre de personnes préféreront vivre dans des villes moyennes, voire à la campagne plutôt que rester dans les grandes villes. Ce sera un point à surveiller.
Nous avons soulignés le lien à renforcer avec le domaine de la Santé et avons d’ailleurs déposé un amendement dans le projet de COP 2022-2026.
Concernant le Centre Européen (CEP), nous avons demandé ce qu'il fallait comprendre de " suivre avec attention l'ambition du CEP de disposer d'un modèle Terre à l'échelle du kilomètre ". Devons nous percevoir le CEP comme une menace pour nos activités ? ou au contraire comme un partenaire pour progresser dans la modélisation ? La réponse a été « les deux », dans la mesure où une partie des codes sont communs et puisqu'il est prévu de réécrire pas mal de lignes pour les adapter aux nouvelles architectures.

11 lignes directrices ont été retenues.

Sur la première ligne directrice « MF disposera des capacités de veille et d’anticipation des risques météorologiques pour répondre aux besoins de ses interlocuteurs (SPB, Armées, Santé…) », on ne peut qu'être d'accord et on voit avec plaisir apparaître la notion d'actions concertées avec les territoires. Parmi les sujets abordés, il nous semble dommage de ne pas avoir mentionner l'agriculture : dans ce domaine, le changement climatique va nécessiter d'investir, pour l'adapter et surtout le rendre plus sain.


Au niveau de la ligne directrice 2 qui concerne l'efficacité de la diffusion de nos connaissances, nous avons interrogé l'animateur sur une possible ouverture de nos outils de communication, en sachant que nous ne sommes pas très performants dans ce domaine, au moins au niveau du site internet dont les consultations sont en nette baisse. Pour que notre puissance de communication cesse de s'altérer, peut-être faudrait-il analyser les raisons de ce désintérêt de l'internaute avec ce que nous lui proposons. Pour le directeur de la stratégie, ce désamour est simplement lié au confinement, le grand public consultant moins la météo. Par ailleurs, il précise qu'une réflexion sur la publicité (qui énerve pas mal d'internautes, et de nombreux météos, n’est-ce pas) va être lancée dès le COP 2022-2026.
La question d'ouvrir les réseaux sociaux à d'autres agents que les trois responsables de la DIRCOM est également en cours d’instruction : un premier test est en cours au niveau de la DIRSE pour vérifier la cohérence des messages. A suivre, donc.


Nous avons noté le signalement, plusieurs fois répété, de l'importance de l'Outre-Mer pour faire de Météo-France un Service Météorologique National (SMN) de référence au niveau international (ligne directrice n°3).


La ligne directrice n°4 concerne notre assistance à l'aéronautique ; les actions proposées sont vagues mais le contexte très flou autour de l'évolution de ce secteur ne se prête pas vraiment à s’engager trop précisément. La notion de service supranational est affichée et certains SMN comme MeteoSwiss sont plus avancés que nous dans ce domaine.

La ligne directrice n°5 concerne la recherche et n'a pas appelé de commentaires de notre part, la stratégie dans ce domaine ayant déjà été validée.

La ligne directrice n°6 décrit la finalité des produits à mettre en place avec des enjeux de taille comme la fourniture de prévisions et de services sans couture temporelle (pas si simple).
La n°7 se focalise sur notre contribution à l'adaptation des territoires au changement climatique avec l'épineux sujet de l'attribution ou non des phénomènes météos dangereux au changement climatique. Nous avons rappelé qu'il existait une task force au niveau international dont Météo-France avait accueilli en 2019 la première réunion.

La n°8 concerne les nouveaux types d'observation : gros chantier en perspective mais qui est lancé dans le cadre du prochain COP.


Les débats ont été plus animés autour de la ligne directrice n°9 qui vise à développer notre « agilité » et notre capacité d'innovation. Nous avons fait remarquer qu'il s'agit d'un changement de culture pour la plupart des météos : le droit à l'erreur devra désormais exister, la possibilité d'oser devra être autorisée…. et de savoir arrêter à temps si ce n'est pas opportun. Météo-France est-il organisé pour cela ? avec un poids hiérarchique et une centralisation accrue qui paraissent incompatibles avec ce type d'ambition. Une structure spécifique serait mise en place. Mais il faudra aller bien plus loin : il faudra changer le mode de management, y compris au top niveau. C'est bien prévu. A suivre donc. Cette ligne directrice rejoint la ligne 11 et nous avons bien sûr alerté sur le fait que le développement agile nécessitait une disponibilité et une réactivité qui n'est, pour l'instant, pas souvent rencontrée dans notre organisation.


Au niveau de la ligne 10 qui concerne la gestion des compétences, nous avons rappelé que Météo-France était un service public et que, pour le coup, cette valeur nous semble centrale. Avoir pour objectif de « diversifier les modes de recrutement » ne nous semble pas aberrant mais cela ne doit pas être l’alpha et l’omega de politique de recrutement ; nous demandons une certaine vigilance quant à la rédaction.

Sur la ligne directrice 12 qui a pour principal objet la Qualité de Vie au Travail (QVT), il y a bien sûr beaucoup à dire pour que ce qui est énoncé ne reste pas des voeux pieux, notamment en matière d'attractivité et de reconnaissance. Ces dernières années, on prend le sens plutôt inverse aux objectifs visés !