En conférence de presse de rentrée CFDT, parmi ses 3 priorités (pouvoir d'achat et nouveaux droits pour les travailleurs, transition écologique, et la question démocratique), Marylise Léon a salué les annonces en matière de planification écologique (sur la vidéo en lien à 19 minutes 50, ou cf. ci-dessous). Au préalable, elle a indiqué :

« Sur le plan écologique, l’urgence n’a jamais été aussi… urgente », martèle la secrétaire générale, en citant le climatologue Jean Jouzel : « Le credo du “hâtons-nous lentement” n’est plus entendable ! » Cela nécessite, plus que jamais, un engagement en faveur de la transition juste, qui ne peut se faire sans des investissements publics et privés très élevés, ni sans une mise à contribution des plus hauts revenus, rappelle la CFDT depuis plusieurs années.

Article sur le sujet de la planification écologique :
Le Président a relancé son projet de planification écologique le 25 septembre. La CFDT, qui soutient la démarche, attend à présent des gestes forts au niveau des filières professionnelles et des entreprises pour accompagner efficacement cette démarche visant la neutralité carbone en 2050.
Par la CFDT / Jérôme Citron 

Inauguration de Verkor, usine de fabrication de batteries électriques, en juin 2023, à Grenoble (Isère / Auvergne-Rhône-Alpes).
Inauguration de Verkor, usine de fabrication de batteries électriques,
en juin 2023, à Grenoble (Isère / Auvergne-Rhône-Alpes).© François Henry/RÉA

La France va-t-elle se mettre en ordre de marche en vue de respecter ses engagements en matière environnementale ?

C’est tout l’enjeu de la « planification écologique » que tente de mettre en place le gouvernement. L’objectif principal de ce programme est clair: parvenir à réduire de 55 % les émissions de CO2 (par rapport à 1990) d’ici à 2030 et tendre vers la neutralité carbone en 2050. « Nous sommes à la fin de la première étape du processus, explique Anne-Juliette Lecourt, secrétaire confédérale en charge des questions liées à la transition écologique juste. Le secrétariat général à la transition écologique a rendu ses travaux, qui précisent les efforts à fournir secteur par secteur. On n’avait jamais eu une telle visibilité sur ce qu’il fallait faire ; maintenant, il faut passer aux travaux pratiques. »

Quelques mesures emblématiques
Afin de donner de la visibilité à cette planification écologique, le président de la République a détaillé les mesures emblématiques de ce plan le 25 septembre. Un plan conçu « après quatorze mois de concertation », a insisté le chef de l’État. Sans faire d’inventaire à la Prévert, on retiendra la fin du charbon au 1er janvier 2027, un investissement de 700 millions de l’État pour participer au financement de 13 RER métropolitains, la production en France d’au moins un million de véhicules électriques et d’au moins un million de pompes à chaleur d’ici à 2027 (avec la formation de 30 000 installateurs).
À cette date (2027), le pays devrait même être exportateur de batteries. Et pour les salariés qui ne peuvent se passer de leur véhicule, le gouvernement détaillera, en novembre prochain, son projet de petite voiture électrique à 100 euros par mois en leasing. Cette voiture devra d’ailleurs être nécessairement produite en Europe, selon l’exécutif. Le Président a par ailleurs annoncé qu’une stratégie biodiversité sera présentée en octobre, et un plan d’adaptation au changement climatique sera finalisé en décembre.

Un budget nécessairement élevé
Afin de financer cette planification, 10 milliards d’euros supplémentaires (dont sept dans le budget 2024) ont déjà été annoncés il y a quelques mois. Une somme fléchée vers l’agriculture et la biodiversité (2,3 milliards), le bâtiment (2,2 milliards), l’énergie (1,8 milliard), l’industrie (1,8 milliard), les transports (1,6 milliard) et les collectivités (800 millions).
Pour la CFDT, qui soutient la démarche et salue la qualité du travail réalisé, l’enjeu est double : pérenniser les financements publics afin de plus que doubler les efforts de réduction des émissions dans les prochaines années et parvenir à mettre en musique cette feuille de route en s’appuyant sur la mobilisation de tous les acteurs, au sein de toutes les filières et des branches professionnelles concernées.
Les efforts à fournir dans le bâtiment ou dans l’automobile, par exemple, nécessitent de renforcer le dialogue social à tous les niveaux de décision, et ce, jusque dans les territoires et les entreprises, y compris les plus petites. « Il faut parvenir à synchroniser les efforts de chacun pour gagner en efficacité tout en veillant à la justice sociale, résume Anne-Juliette Lecourt. Cela passe nécessairement par davantage de dialogue social ; embarquer les travailleurs pour accélérer les transformations à mener ; à défaut, on raterait l’objectif de neutralité carbone. »
Un travail de dentellière, en quelque sorte, qui va obliger les filières professionnelles et les territoires à davantage se parler.
Tout un programme !

À propos de l'auteur
Jérôme Citron
rédacteur en chef adjoint de CFDT Magazine


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